Haq Ali Ali, de Nusrat Fateh Ali Khan, interprété pour la première fois par les femmes de l’ensemble Ilahi Sufi Qawwali.

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 » L’ensemble Ilahi Sufi Qawwali chante le kalam épique Haq Ali Ali d’Ustad Nusrat Fateh Ali Khan. Il m’est difficile de trouver les mots pour exprimer à quel point je suis fier et impressionné par ces femmes. Après deux années entières de dévouement et d’engagement sans faille, je peux maintenant écouter Ilahi et dire sincèrement que, pour la première fois dans l’histoire, des femmes perpétuent la tradition du qawwali soufi classique. Pas seulement la poésie ou la musique, mais le véritable esprit qawwali qui, il y a 25 ans, m’a poussé à y consacrer ma vie. L’esprit d’unité, de créativité courageuse, de passion, de révérence, de dévotion et de communauté, exprimé dans une harmonie stupéfiante. Une harmonie qu’il est déjà rare, à mon avis, de ressentir entre deux personnes – et encore plus entre treize personnes d’une telle diversité !
Le morceau Haq Ali Ali, créé par Ustad Nusrat Fateh Ali Khan, m’a toujours profondément touché. (…) Pour l’avoir entendu et avoir suivi les enseignements de certains des plus grands Qawwals du Pakistan, je me sens profondément motivé pour la transmettre à ces étudiantes dévouées.
Comme l’a dit Hazrat Ali (ra) : « Le devoir qui accompagne la connaissance est de la partager ».
Malgré les critiques évidentes que j’ai reçues concernant l’enseignement du qawwali aux femmes, j’ai sincèrement voulu savoir à quoi ressemblerait le qawwali doaba chanté par des femmes, et je suis heureux de pouvoir dire que c’est génial ! Cela dit, nous ne faisons qu’effleurer la surface de cette immense tradition(…). Je suis extrêmement reconnaissant à tous ceux qui nous ont soutenus dans ce projet audacieux et à toutes les femmes qui sont assez courageuses pour le vivre ! Je suis vraiment honoré d’être votre professeur à l’école de musique de Samā. »
– Tahir Qawwal

Gordan. Sara.

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Ce deuxième album éponyme de ce trio expérimental transnational (Serbie/Allemagne/Autriche) acclamé, fusionne les vocalisations traditionnelles des Balkans avec du feedback, des générateurs de sons électroniques, des basses pulsées et une batterie hypnotique. Gordan reflète le mysticisme des légendes et des histoires de la région des Balkans, créant une musique qui se situe entre l’expressivité et l’abstraction, la tradition et l’avant-garde. Le chant viscéral de Svetlana Spajic (Marina Abramovic, Robert Wilson, Antony and the Johnsons) est à la fois enraciné et profondément interprétatif. Le batteur Andi Stecher (STECHER, Billy Bultheel, Orchestre Les Mangelepa) et Guido Möbius (basse et électronique) emploient des stratégies sonores qui orientent les chansons dans des directions inspirées et imprévisibles.(Modulor records)

Vidéo de Luka Papić, Branka Majstorović, Svetlana Spajić.

Le destin de la bête dans la jungle.

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On aurait tort de vouloir écrire sans avoir lu Henry James, lire Chateaubriand et Flaubert, ce n’est pas suffisant.

Ce serait folie que de vouloir écrire une histoire d’amour sans avoir lu « La bête dans la jungle » de Henry James, parue en 1903. Ce qu’en dit Wikipedia.
En 1981, « La bête dans la jungle » de Henry James est adaptée pour le théâtre par Marguerite Duras dans une mise en scène de Alfredo Arias. C’était prévisible.

En 1988, Delphine Seyrig et Sami Frey sont les interprètes attendus de l’adaptation Duras dans le téléfilm de Benoît Jacquot. Cela se trouve en DVD et cela se regarde sur YouTube).
En 2004, Depardieu et Fanny Ardant jouent cette fois l’adaptation par James Lord du texte de Henry James. Un casting peut-être moins évident. Cela se trouve également en DVD.

En 2023, le texte d’Henry James a fait l’objet d’un film franco-belge-autrichien, adaptation libre de Patrick Chiha avec Anaïs Demoustier, Tom Mercier et Béatrice Dalle. Le pitch : « Pendant 25 ans, dans une immense boîte de nuit, un homme et une femme guettent ensemble un événement mystérieux. De 1979 à 2004, l’histoire du disco à la techno, l’histoire d’un amour, l’histoire d’une obsession » (Sic). Disponible en DVD. La bande annonce.

En 2025, « La bête dans la jungle » de Henry James fera certainement l’objet d’une nouvelle adaptation en immersion fictionnelle, réalité virtuelle 8K, avec avatars de Kyle Jenner et Justin Bieber, musique probablement de Taylor Swift. Accessible sur Meta, grâce au casque Meta Quest-3.

Bach au nord du 64e parallèle.

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Le Prélude de la Suite n° 2 de Bach, interprété par Yo Yo Ma au milieu de la fonte du permafrost sur les terres des Dénés de Lower Tanana près de Fairbanks, Alaska, où il a été convié par la princesse Daazhraii Johnson du peuple des Neets’aii Gwich’in, les « habitants du côté nord », qui résident dans l’Arctic Village et mènent un mode de vie frugal. Ils chassent le caribou, l’élan, le mouton, le porc-épic, le lapin et le lagopède. Les poissons d’eau douce, le gibier d’eau et les baies sont également récoltés comme source de nourriture supplémentaire. Jusque dans les années 1950, les Neets’aii Gwich’in menaient une vie très nomade. Pendant cette période, ils ont traditionnellement utilisé des camps saisonniers et des établissements semi-permanents comme Arctic Village, Christain, Venetie et Sheenjak pour chasser le poisson et le gibier.
Elle écrit ceci :
« Notre relation avec nos parents bouleaux, nos parents saumons et tous les êtres de l’Alaska est sacrée. Nos histoires traditionnelles nous racontent qu’à un moment donné, nous parlions tous la même langue… et c’est encore le cas aujourd’hui. Si nous prenons le temps de bien écouter, nous nous reconnaîtrons peut-être dans la fonte du pergélisol ou dans le bouleau tombé, mais aussi dans le chant des oiseaux ou dans la fraîcheur de la brise arctique. Il y a toujours de l’espoir lorsque nous faisons l’expérience de la vie. Nous devrions tous tomber amoureux des lieux où nous vivons et laisser cet amour guider notre détermination à protéger les eaux, les saumons, les caribous et toutes les plantes qui nous sont apparentées, afin que les générations futures puissent elles aussi connaître une telle joie et une telle subsistance ».

Danse avec Fanon.

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Comment écrire la biographie d’un homme comme Frantz Fanon, aujourd’hui, dans la tourmente idéologique de la décolonisation ? Comment résister à la facilité de se conformer à l’icône, à la légende révolutionnaire dorée ? Comment restituer le flux et les paradoxes d’une vie d’homme sans la pétrifier pour la réduire à un totem ?
Par un indispensable et minutieux travail de documentation, par une immersion profonde dans l’œuvre, par la mise en perspective historique et politique des différentes étapes du bref mais intense parcours de Frantz Fanon.
Mais surtout en acceptant sa propre subjectivité. L’auteur d’une biographie honnête ne peut se prétendre neutre, encore moins objectif. Le biographe met les pieds dans la vie de son sujet. Une biographie peut être une œuvre créative et toute œuvre recèle le portrait de son auteur. Orson Welles disait qu’il n’y a pas de biographie plus intéressante que celle dans laquelle le biographe est présent. Encore faut-il que le biographe ne tente pas de se dissimuler en enfilant la robe de l’hagiographe.
Toute l’humanité et toute la sagacité d’Adam Shatz s’expriment dans sa passionnante rencontre avec un Fanon restitué on ne peut plus body and soul, c’est à dire en mouvement constant.
 » … (Fanon) bon vivant et ascète, rebelle et psychiatre consciencieux, homme ambitieux et militant désintéressé, intellectuel urbain idéalisant la paysannerie, adversaire de la France profondément nourri de ses traditions révolutionnaires jacobines et, enfin, nomade en quête perpétuelle d’une patrie. »

Adam Shatz conclut son livre par ces lignes :
(…) « Reste que pour interpréter les écrits de Fanon, il faut aussi se risquer à une série de conjectures, et je serais le premier à admettre que ce livre est, en partie, une œuvre d’imagination. Fanon a grandi sur une île où, depuis l’époque du marronage, la liberté a toujours été associée au secret et aux tentatives de fuir la captivité ; sa vie intérieure nous échappera toujours. J’ai donc aussi mis en œuvre une lecture symptomale de son œuvre, à l’écoute des lacunes, des silences, des tensions, et des contradictions, et attentif à la trace presque imperceptible, dans sa prose impétueuse, de la distance entre l’univers dont il avait hérité et le monde que lui et bien d’autres espéraient créer après l’effondrement des empires européens. »(…)

Beau travail !

Adam Shatz. Frantz Fanon. Une vie en révolutions. La Découverte.
Version papier : 28.00 € Version numérique : 21.99 €