Oy vaï iz mir !

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Enchâssé entre deux magnifiques poèmes, de Mahmoud Darwich et Yehuda Amichaï, c’est un petit livre de conversations.
Une dizaine. Des conversations précieuses, des conversations quasi impossibles. Franches, belles et graves comme on rêve de pouvoir en tenir. Les yeux dans les yeux, la main tendue et ouverte, avec un léger tremblement dans la voix, celui du risque de l’imprudence, quand on ne prend pas le temps d’envelopper ses mots pour dissimuler son trouble et des émotions contradictoires.
Des conversations intimes, courageuses, confiantes, légères et inquiètes à la fois, où l’humour accompagne pas à pas la résistance au désespoir. Des conversations offertes et qui font du bien à celui qui veut bien les entendre.
Un petit livre tout aussi précieux et lumineux que, parmi ses livres précédents : Réflexions sur la question antisémite et Vivre avec nos morts.

La princesse de Zanzibar

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Poursuite des voyages littéraires. Le voyage littéraire est le plus dépaysant et le meilleur marché des voyages.

La Princesse de Zanzibar est un diamant. Un diamant qui, avant de briller, rappelle qu’il est la pierre la plus dure qui soit. Ce livre est un trésor de culot, de lucidité, d’humour et de générosité dans l’écriture.

En lisant La Princesse de Zanzibar, on plonge dans un monde fantastique qui évoque à la fois à Rabelais pour la truculence, Voltaire et Swift pour l’ironie et beaucoup Salman Rushdie dans la manière de défier sans peur tous les dogmes, religieux, politiques, idéologiques, toutes les interdictions, pour que l’imagination jaillisse librement, déborde, emporte nos préjugés, transgresse les convenances et que cette liberté puissante contamine nos imaginaires trop souvent balisés, formatés, confinés dans des espaces étriqués parce que marketés.

Photo © Patrice Lenormand

L’auteur, Abdelaziz Baraka Sakin est soudanais. Il vit en exil bien entendu. Et tous ses livres sont naturellement interdits dans son pays.

Extrait : « Tout au long de sa vie, sans que l’on puisse en délimiter avec certitude la durée, il ( le sultan Souleiman bin Salim) tua 883 Africains, 7 Arabes omanais et 20 Yéménites. Il décima tous les animaux de grande taille qui vivaient encore à Unguja, qu’il s’agisse des girafes, des éléphants, des tigres et des lions. Il vendit 2 779 670 esclaves, hommes, femmes et enfants. Il copula avec 300 esclaves, écoulant dans leur vagin environ 15 galons de sperme. Il donna naissance à une fille. Et comme il aimait aussi faire l’amour avec des garçons, il déversa en eux l’équivalent d’un galon de sperme, si bien que les enfants africains et les Arabes d’origine modeste continuèrent de surveiller leur arrière-train… Il mangea 70 tonnes de viande, de légumes et de graminées, produisit 30 tonnes de merde sous forme de diarrhée ou autre. Il pissa l’équivalent de 10 000 litres de liquide empoisonné. »

La princesse de Zanzibar. Editions Zulma.368 pages. 22,90€

Debout sur la terre

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Quand, au-delà des feux de l’actualité, on éprouve le besoin de comprendre l’esprit d’un pays ou d’une culture, il serait dommage de s’en remettre seulement aux articles de journaux, de magazines, aux multiples contributions sur internet. Je préfère chercher un bon roman.
La fiction passant par la plume d’un grand auteur n’a pas son pareil pour rassembler dans une histoire, des sons, des parfums, des couleurs, des paysages, des usages, des traditions, des sensations et des émotions humaines, universellement compréhensibles.
Pour comprendre ce que sont les Balkans, j’avais lu Le pont sur la Drina, plusieurs recueils de nouvelles d’Ivo Andrić et des romans d’Ismaïl Kadaré. J’ai procédé de même pour m’immerger en Russie, en Chine, en Turquie. Les grands auteurs passés et présents ne manquent pas. Leur lecture laisse des impressions bien plus fiables, plus profondes et durables que la prose des éditorialistes prisonniers du commentaire urgent de l’actualité.
Après la richesse du cinéma iranien, je viens de trouver une nouvelle porte pour voyager en Iran. Debout sur la terre de Nahal Tajadod. C’est une magnifique découverte que l’œuvre de cette écrivaine, romancière, traductrice – notamment des poèmes d’Abbas Kiarostami -, vivant en France depuis la fin des années soixante-dix.
Persanophone, de culture française, docteure en chinois, elle pratique trois systèmes d’écriture, l’alphabet latin, l’arabe et le chinois, ce qui lui a permis d’étudier les rapports historiques entre la Perse et la Chine. Elle est également une spécialiste du bouddhisme et du christianisme en Iran, ainsi que du poète perse Rûmî. Ralentir, femme puissante.
Dans Debout sur la terre, sa plume est toujours alerte, légère, précise, sensuelle et agile. Jamais futile. Avec grâce, elle passe du poétique au lyrique, de la tendresse à l’incisif. Surtout, traitant des tumultes de l’histoire en Iran, elle n’oublie jamais l’importance de conserver humour et sens de l’ironie.
Magnifique roman !

« Ils sont trois dont les chemins ne cessent de se croiser dans les grands fracas du XXe siècle en Iran. Fereydoun, réalisateur de télévision fantasque, dévoué et séducteur. Monsieur V., conseiller du shah et biographe de Victor Hugo, féru de poésie soufie, d’alcool et de chaussettes de luxe. Et surtout, il y a Ensiyeh, héritière d’une dynastie de guerriers kurdes, devenue comédienne. Elle est de ceux qui ne se soumettent pas et ne renoncent jamais.
Ils croient tous pouvoir se faufiler dans les méandres de l’Histoire, parce qu’ils sont riches et cultivés. Mais il y a un autre Iran qui va basculer avec la révolution islamique, à l’image du jeune Massoud, l’électricien fan de cinéma, qu’ils surnommaient Edison…
Une saga iranienne fougueuse, émouvante et drôle. »

(Texte des éditions Zulma)

Debout sur la terre. 2010 Editions J-C Lattès,
Debout sur la terre. 2024 Editions Poche Zulma.

Feel-bad is good for you !

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En ce début d’année, vos conduits littéraires sont engorgés par la lecture de trop de best-sellers roboratifs, trop de romans tièdes aux émotions pâtissières, trop de sucreries feel-good, trop de thrillers marketés, cuisinés en série pour adaptation Netflix, trop de confessions autofictives avec titillements lubriques acceptables, trop de mélodrames sociétaux nappés de bons sentiments rassurants, trop de langue recuite en papier mâché… Il est temps de récurer tout ça avec Déglinguées, un roman abrasif et décapant, une écriture sans filtre, sans édulcorant, une plongée stressante dans le noir le plus noir et le côté sombre le plus obscur.
Déglinguées est un vrai roman feel-bad, un roman qui choque et qui dérange, qui gratte et qui provoque les mêmes grimaces que l’huile de foie de morue et les douches glaciales. Un roman salutaire qui désengourdit et revitalise.
Comme avec les meilleurs traitements efficaces, il faut accepter que ça fasse mal avant de faire du bien.

Déglinguées. Bleue Roy. Edition Librinova.
18,90€ édition papier, 4,99€ livre numérique.

Deux sœurs adolescentes. Un tandem maléfique. Sandra, belle, ambitieuse et tyrannique, souffre d’une maladie incurable, le syndrome de l’odeur du poisson pourri. Joséphine, la cadette, est asservie à l’hygiène et aux traitements de sa sœur.
Le temps s’écoule. Le temps n’efface rien.
Deux adultes. Sandra, dominatrice, manipulatrice, est devenue une avocate avide de toutes les formes de réussite. Elle envoûte les hommes sans jamais céder à la tentation de l’amour. Elle méprise sa sœur, cette minable, une tache dans sa généalogie. Joséphine, toujours soumise, se lance à corps perdu dans la recherche d’une vocation artistique, s’enfonce dans la névrose. Dans un cours de théâtre, elle rencontre son futur mari, un homme imprévisible, puissant et beau, aussi machiste que débauché. Joséphine subit l’infidélité compulsive et le harcèlement obsessionnel d’un pervers. Elle s’échappe. Fugitive, traquée, elle affronte quotidiennement l’horreur et redoute le pire. De plus en plus exaltée, sauvage et solitaire, Joséphine s’épuise en salle de sport, s’acharne à bicyclette, se cherche un salut dans la peinture. En perdition, la jalousie venimeuse et les divagations mortelles l’entraînent dans une dérive sanglante. Pinson, grive, tourterelle, pédale, pédale Joséphine, il n’y a pas d’issue de secours dans ta descente aux enfers.


Débouchage garanti. Ecologique. Action rapide. Écriture française.

Alice, ti amo !

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Il n’y a rien de plus jouissif que les coups de cœur face à une œuvre. On reçoit un cadeau inattendu de quelqu’un de généreux qui ne nous connaît pas, mais qui nous offre quelque chose de beau.

On ressent une émotion chaude, belle et forte. Quelque chose de notre humanité assoupie s’éveille et monte en nous. On s’élève. On est ému de se sentir aussi vivant et palpitant. Le coup de cœur nous rend meilleurs.  On renoue avec l’enfance. On admire sans détours. En deux mots simples : on aime.

Je n’avais jamais entendu parler d’Alice Rohrwacher, la réalisatrice italienne. Je n’avais vu aucun de ses films. Et puis (grâce à la plateforme Mubi) j’ai découvert Corpo Celeste et Les Merveilles, et le documentaire sur la jeunesse italienne Futura et Heureux comme Lazzaro. C’est peu dire que je suis impatient de voir La Chimère et ceux que je n’ai pas encore vus.

J’aime Alice Rohrwacher pour les histoires qu’elle raconte et pour la façon dont elle les met en images. Je l’aime pour la lucidité, mais aussi la délicatesse, la subtilité de son regard sur les êtres humains. Pour la complicité immédiate de sa caméra avec tous ceux qu’elle filme. Comment peut-on ne pas aimer l’Italie et les Italiens ?

Dans sa mise en scène, le choix de ses plans, les cadrages, le montage, le rythme de ses films, les surprises abondent, mais son style très personnel reste toujours fluide, spontané. L’élégance de l’évidence. On se laisse emporter. On peut croire que tout reste possible. C’est une chance formidable d’être vivant sur cette planète. C’est incroyable tout ce que l’on pourrait faire pour en profiter davantage. Si seulement.

Toubib

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« Notre grande erreur est de croire que le médecin, l’avocat et le prêtre ne sont pas des hommes commes les autres. » Henry de Montherlant

Création Thelema. Existe en t-shirt…

CHIROPTERA

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Un spectacle magnifique. La première partie, jusqu’à la 8ᵉ minute, n’est qu’un hors d’œuvre, une intro moins bluffante que la suite. Bravo et merci à toute l’équipe, on en prend plein les yeux.