Debout sur la terre

Temps de lecture : 2 minutes

Quand, au-delà des feux de l’actualité, on éprouve le besoin de comprendre l’esprit d’un pays ou d’une culture, il serait dommage de s’en remettre seulement aux articles de journaux, de magazines, aux multiples contributions sur internet. Je préfère chercher un bon roman.
La fiction passant par la plume d’un grand auteur n’a pas son pareil pour rassembler dans une histoire, des sons, des parfums, des couleurs, des paysages, des usages, des traditions, des sensations et des émotions humaines, universellement compréhensibles.
Pour comprendre ce que sont les Balkans, j’avais lu Le pont sur la Drina, plusieurs recueils de nouvelles d’Ivo Andrić et des romans d’Ismaïl Kadaré. J’ai procédé de même pour m’immerger en Russie, en Chine, en Turquie. Les grands auteurs passés et présents ne manquent pas. Leur lecture laisse des impressions bien plus fiables, plus profondes et durables que la prose des éditorialistes prisonniers du commentaire urgent de l’actualité.
Après la richesse du cinéma iranien, je viens de trouver une nouvelle porte pour voyager en Iran. Debout sur la terre de Nahal Tajadod. C’est une magnifique découverte que l’œuvre de cette écrivaine, romancière, traductrice – notamment des poèmes d’Abbas Kiarostami -, vivant en France depuis la fin des années soixante-dix.
Persanophone, de culture française, docteure en chinois, elle pratique trois systèmes d’écriture, l’alphabet latin, l’arabe et le chinois, ce qui lui a permis d’étudier les rapports historiques entre la Perse et la Chine. Elle est également une spécialiste du bouddhisme et du christianisme en Iran, ainsi que du poète perse Rûmî. Ralentir, femme puissante.
Dans Debout sur la terre, sa plume est toujours alerte, légère, précise, sensuelle et agile. Jamais futile. Avec grâce, elle passe du poétique au lyrique, de la tendresse à l’incisif. Surtout, traitant des tumultes de l’histoire en Iran, elle n’oublie jamais l’importance de conserver humour et sens de l’ironie.
Magnifique roman !

« Ils sont trois dont les chemins ne cessent de se croiser dans les grands fracas du XXe siècle en Iran. Fereydoun, réalisateur de télévision fantasque, dévoué et séducteur. Monsieur V., conseiller du shah et biographe de Victor Hugo, féru de poésie soufie, d’alcool et de chaussettes de luxe. Et surtout, il y a Ensiyeh, héritière d’une dynastie de guerriers kurdes, devenue comédienne. Elle est de ceux qui ne se soumettent pas et ne renoncent jamais.
Ils croient tous pouvoir se faufiler dans les méandres de l’Histoire, parce qu’ils sont riches et cultivés. Mais il y a un autre Iran qui va basculer avec la révolution islamique, à l’image du jeune Massoud, l’électricien fan de cinéma, qu’ils surnommaient Edison…
Une saga iranienne fougueuse, émouvante et drôle. »

(Texte des éditions Zulma)

Debout sur la terre. 2010 Editions J-C Lattès,
Debout sur la terre. 2024 Editions Poche Zulma.

Jin, Jiyan, Azadî !

Temps de lecture : < 1 minute

Femme, Vie, Liberté ! En kurde. Excellent article en anglais dans Der Spiegel. Dans mes préoccupations personnelles de boomer première pression à froid, ce qui se joue aujourd’hui en Iran me parle et me touche intimement en tant qu’homme de l’anthropocène. Bien plus que d’autres envahissants sujets d’actualité. J’y vois le départ d’une vague encourageante, débordante, submergeante, porteuse d’émancipation et d’apaisement pour tout le genre humain. Cela prendra tout de même un certain temps. Ce ne sont pas la couverture médiatique timide accordée en France à la cause de cette révolution iranienne, les soutiens politiques prudents et les rares mobilisations citoyennes chaleureuses, mais sans réelle envergure, qui risquent de précipiter les choses. Nous sommes trop occupés par ailleurs. La sororité universelle n’est pas entrée en ébullition. Les femmes et la jeunesse iraniennes devront patienter.