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Ce que peuvent les mots. Compte rendu de lecture.

Bouquins Éditions. 1056 pages.

Trois semaines intimes avec Barbara Cassin. Se laisser envahir. Vertige de l’amour. Mêler nos langues. Jouir du trouble dans les plis. Partager l’émoi. S’enfoncer dans l’histoire profonde. Plonger avec volupté dans la perpétuelle fraîcheur de l’incertain. Frôler, caresser, sentir. Chérir les verbes. Avancer sans crainte, pieds nus, dans l’ombre des phrases. Baigner dans le presque indicible. Toucher l’écorce. Écouter l’arbre. Effleurer la peau nerveuse des feuilles. Inspirer les parfums. Respecter les mousses et les champignons. Nourrir l’équivocité. Chanter l’incertain sous la lune. Sauter la barrière. Passer la frontière. Chercher une autre rive. N’importe laquelle. Fuir les piscines, nager dans le courant. Respirer dans l’entre. Ivresse de l’inconnu, joie du méconnu, oubli du con, du connu. Fluidifier les flux. Fuir le dur, le sûr et le pur. Se désapproprier les droits de. Se méfier de l’universel. Éviter les plus petits communs.  Miroir aux alouettes. Travailler l’arable, produire du créole versatile. Chérir Homère. Partir en Chine avec Ulysse. Chahuter les professeurs. Taquiner les maîtres à penser dans leur sarcophage : « Quel con ce Platon ! Heideg-guéridon ! ». Contester les encyclopédies, enrichir les dictionnaires. Douter de l’homme, mais aimer les femmes et la poésie. Fuir les modernes certitudes. Détacher les étiquettes, barrer les code-barres, ignorer les QR. Anarchiser le digital : « Blockchain-de-vélo, NFT toi-même ! Ni Dieu ni twitter !  Regarde maman : sans google ! » Laisser pénétrer l’étrange étranger. Que dit-il ? Tendre l’oreille. Capter le silence entre les mots. Chérir. Déshabillez-vous. Soulever et retourner les phrases. – « Que pensez-vous de ce que vous vivez ? Comment ? Parlez plus fort. »

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Ce que voit Barbara Cassin :

« Quand on tente de parler ensemble poésie et philosophie, c’est nécessairement avec véhémence, c’est-à-dire sans honte ni surmoi ironique. Pour dénoncer à tous les niveaux, donc avec des mots qui se bousculent, ces portions insupportables de contemporain, implantées et trop bien en place, qui abîment le vert vivace et bel aujourd’hui. Nous vivons derrière des grilles. Ces grilles sont d’abord des grilles de langage. Tout ce qui se fait, de l’école à l’hôpital, de l’accueil à l’innovation et à la création, doit rentrer dans ces grilles pour, tout simplement, exister dans l’évaluation qui définit le monde commun. Le plus effarant est que nous savons que nous en mourons/mourrons, mais que tout se passe comme si nous ne pouvions pas ne pas. La même impuissance double blindée nous englue dans le réchauffement du climat et le désarroi des espèces. Il y va d’un immense effet pervers lié au dévoiement de la performance : non plus énergie mais arrêt sur calcul et pseudo-calculs au moyen d’items techno-scientifiques politiquement asservis. Le ressort en est la toute-puissante définition de la qualité comme propriété émergente de la quantité, qui façonne sur le modèle d’un algorithme à la Google la perception financiarisable du monde, y compris sous couvert de démocratie. Protestation trop globale, protestations trop locales ? On va dans le mur, mais on a allumé les phares. »

Barbara Cassin. Introduction à « Que pensez-vous de ce que vous voyez ? » Quatrième partie de « Ce que peuvent les mots ». Bouquins. 2022.

Les observations de l’analyse de lisibilité effectuée par Yoast mon optimiseur de SEO : 1) Un des paragraphes fait plus de 150 mots. Raccourcissez vos paragraphes ! 2) 27,8% des phrases contiennent plus de 20 mots, ce qui est au-delà du ratio maximum recommandé de 25%. Raccourcissez vos phrases !

RIP Serge Livrozet

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« Chaque fois que j’ai eu affaire à un pouvoir quelconque, qu’il soit judiciaire, économique, hospitalier ou religieux, je me suis trouvé confronté à des gens qui voulaient contrôler mon esprit. » Serge Livrozet

À propos de Serge Livrozet, voir ici, ici, et ce qu’en dit G. Moreas, sans oublier l’indispensable Wikipedia.

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Jin, Jiyan, Azadî !

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Femme, Vie, Liberté ! En kurde. Excellent article en anglais dans Der Spiegel. Dans mes préoccupations personnelles de boomer première pression à froid, ce qui se joue aujourd’hui en Iran me parle et me touche intimement en tant qu’homme de l’anthropocène. Bien plus que d’autres envahissants sujets d’actualité. J’y vois le départ d’une vague encourageante, débordante, submergeante, porteuse d’émancipation et d’apaisement pour tout le genre humain. Cela prendra tout de même un certain temps. Ce ne sont pas la couverture médiatique timide accordée en France à la cause de cette révolution iranienne, les soutiens politiques prudents et les rares mobilisations citoyennes chaleureuses, mais sans réelle envergure, qui risquent de précipiter les choses. Nous sommes trop occupés par ailleurs. La sororité universelle n’est pas entrée en ébullition. Les femmes et la jeunesse iraniennes devront patienter.

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« Ce que peuvent les mots » de Barbara Cassin sur le point de passer à l’extracteur de jus.

Pas de compte rendu rapide. Ma première rencontre avec Barbara Cassin. Ma première initiation sérieuse aux sophistes et à la sophistique. Exploration du monde de l’entre philosophie et littérature. Plus de 900 pages de grands crus millésimés. Cela se savoure, il faut laisser reposer entre les gorgées.