La princesse de Zanzibar

Temps de lecture : 2 minutes

Poursuite des voyages littéraires. Le voyage littéraire est le plus dépaysant et le meilleur marché des voyages.

La Princesse de Zanzibar est un diamant. Un diamant qui, avant de briller, rappelle qu’il est la pierre la plus dure qui soit. Ce livre est un trésor de culot, de lucidité, d’humour et de générosité dans l’écriture.

En lisant La Princesse de Zanzibar, on plonge dans un monde fantastique qui évoque à la fois à Rabelais pour la truculence, Voltaire et Swift pour l’ironie et beaucoup Salman Rushdie dans la manière de défier sans peur tous les dogmes, religieux, politiques, idéologiques, toutes les interdictions, pour que l’imagination jaillisse librement, déborde, emporte nos préjugés, transgresse les convenances et que cette liberté puissante contamine nos imaginaires trop souvent balisés, formatés, confinés dans des espaces étriqués parce que marketés.

Photo © Patrice Lenormand

L’auteur, Abdelaziz Baraka Sakin est soudanais. Il vit en exil bien entendu. Et tous ses livres sont naturellement interdits dans son pays.

Extrait : « Tout au long de sa vie, sans que l’on puisse en délimiter avec certitude la durée, il ( le sultan Souleiman bin Salim) tua 883 Africains, 7 Arabes omanais et 20 Yéménites. Il décima tous les animaux de grande taille qui vivaient encore à Unguja, qu’il s’agisse des girafes, des éléphants, des tigres et des lions. Il vendit 2 779 670 esclaves, hommes, femmes et enfants. Il copula avec 300 esclaves, écoulant dans leur vagin environ 15 galons de sperme. Il donna naissance à une fille. Et comme il aimait aussi faire l’amour avec des garçons, il déversa en eux l’équivalent d’un galon de sperme, si bien que les enfants africains et les Arabes d’origine modeste continuèrent de surveiller leur arrière-train… Il mangea 70 tonnes de viande, de légumes et de graminées, produisit 30 tonnes de merde sous forme de diarrhée ou autre. Il pissa l’équivalent de 10 000 litres de liquide empoisonné. »

La princesse de Zanzibar. Editions Zulma.368 pages. 22,90€

Feel-bad is good for you !

Temps de lecture : 2 minutes

En ce début d’année, vos conduits littéraires sont engorgés par la lecture de trop de best-sellers roboratifs, trop de romans tièdes aux émotions pâtissières, trop de sucreries feel-good, trop de thrillers marketés, cuisinés en série pour adaptation Netflix, trop de confessions autofictives avec titillements lubriques acceptables, trop de mélodrames sociétaux nappés de bons sentiments rassurants, trop de langue recuite en papier mâché… Il est temps de récurer tout ça avec Déglinguées, un roman abrasif et décapant, une écriture sans filtre, sans édulcorant, une plongée stressante dans le noir le plus noir et le côté sombre le plus obscur.
Déglinguées est un vrai roman feel-bad, un roman qui choque et qui dérange, qui gratte et qui provoque les mêmes grimaces que l’huile de foie de morue et les douches glaciales. Un roman salutaire qui désengourdit et revitalise.
Comme avec les meilleurs traitements efficaces, il faut accepter que ça fasse mal avant de faire du bien.

Déglinguées. Bleue Roy. Edition Librinova.
18,90€ édition papier, 4,99€ livre numérique.

Deux sœurs adolescentes. Un tandem maléfique. Sandra, belle, ambitieuse et tyrannique, souffre d’une maladie incurable, le syndrome de l’odeur du poisson pourri. Joséphine, la cadette, est asservie à l’hygiène et aux traitements de sa sœur.
Le temps s’écoule. Le temps n’efface rien.
Deux adultes. Sandra, dominatrice, manipulatrice, est devenue une avocate avide de toutes les formes de réussite. Elle envoûte les hommes sans jamais céder à la tentation de l’amour. Elle méprise sa sœur, cette minable, une tache dans sa généalogie. Joséphine, toujours soumise, se lance à corps perdu dans la recherche d’une vocation artistique, s’enfonce dans la névrose. Dans un cours de théâtre, elle rencontre son futur mari, un homme imprévisible, puissant et beau, aussi machiste que débauché. Joséphine subit l’infidélité compulsive et le harcèlement obsessionnel d’un pervers. Elle s’échappe. Fugitive, traquée, elle affronte quotidiennement l’horreur et redoute le pire. De plus en plus exaltée, sauvage et solitaire, Joséphine s’épuise en salle de sport, s’acharne à bicyclette, se cherche un salut dans la peinture. En perdition, la jalousie venimeuse et les divagations mortelles l’entraînent dans une dérive sanglante. Pinson, grive, tourterelle, pédale, pédale Joséphine, il n’y a pas d’issue de secours dans ta descente aux enfers.


Débouchage garanti. Ecologique. Action rapide. Écriture française.

Alice, ti amo !

Temps de lecture : 2 minutes

Il n’y a rien de plus jouissif que les coups de cœur face à une œuvre. On reçoit un cadeau inattendu de quelqu’un de généreux qui ne nous connaît pas, mais qui nous offre quelque chose de beau.

On ressent une émotion chaude, belle et forte. Quelque chose de notre humanité assoupie s’éveille et monte en nous. On s’élève. On est ému de se sentir aussi vivant et palpitant. Le coup de cœur nous rend meilleurs.  On renoue avec l’enfance. On admire sans détours. En deux mots simples : on aime.

Je n’avais jamais entendu parler d’Alice Rohrwacher, la réalisatrice italienne. Je n’avais vu aucun de ses films. Et puis (grâce à la plateforme Mubi) j’ai découvert Corpo Celeste et Les Merveilles, et le documentaire sur la jeunesse italienne Futura et Heureux comme Lazzaro. C’est peu dire que je suis impatient de voir La Chimère et ceux que je n’ai pas encore vus.

J’aime Alice Rohrwacher pour les histoires qu’elle raconte et pour la façon dont elle les met en images. Je l’aime pour la lucidité, mais aussi la délicatesse, la subtilité de son regard sur les êtres humains. Pour la complicité immédiate de sa caméra avec tous ceux qu’elle filme. Comment peut-on ne pas aimer l’Italie et les Italiens ?

Dans sa mise en scène, le choix de ses plans, les cadrages, le montage, le rythme de ses films, les surprises abondent, mais son style très personnel reste toujours fluide, spontané. L’élégance de l’évidence. On se laisse emporter. On peut croire que tout reste possible. C’est une chance formidable d’être vivant sur cette planète. C’est incroyable tout ce que l’on pourrait faire pour en profiter davantage. Si seulement.

Toubib

Temps de lecture : < 1 minute

« Notre grande erreur est de croire que le médecin, l’avocat et le prêtre ne sont pas des hommes commes les autres. » Henry de Montherlant

Création Thelema. Existe en t-shirt…

CHIROPTERA

Temps de lecture : < 1 minute

Un spectacle magnifique. La première partie, jusqu’à la 8ᵉ minute, n’est qu’un hors d’œuvre, une intro moins bluffante que la suite. Bravo et merci à toute l’équipe, on en prend plein les yeux.

Étonnant, émouvant et corrosif à la fois.

Temps de lecture : < 1 minute

On ne se tape pas sur les cuisses en lisant Allouis. Son ironie est beaucoup plus subtile que cela. Il a l’œil de l’entomologiste et l’oreille de l’ornithologue. Le monde de ses personnages est absurde au moins autant que cruel. Au fil de la lecture, force est de reconnaître que nous vivons sur cette même planète et que nous ne sommes pas si différents de celles et ceux qu’il épingle dans ses brèves histoires adroitement ciselées. Vingt récits, autant d’incitations à ouvrir les yeux et se regarder dans le miroir avant d’incriminer un destin qui nous dépasse.
Jean Allouis cite Richard Brautigan en exergue de son livre, mais c’est souvent à l’humour particulier de Kurt Vonnegut que l’on peut penser. Voire à Marcel Aymé.
On dit que la nouvelle est un genre anglo-saxon, peut-être, mais depuis toujours de grands auteurs français s’y distinguent également. Ceux qui boudent la lecture de nouvelles pour ne lire que des romans se privent de bien des plaisirs.

Risibles. Jean Alllouis. Edité chez Librinova.

Clinique de la dignité. Cynthia Fleury

Temps de lecture : < 1 minute

Cynthia est autant philosophe de thérapeute. Il faut donc comprendre « Clinique » comme une observation directe du sujet – dignité/indignité – par l’analyse étendue et en profondeur de ses manifestations dans différentes situations. Qu’est-ce que la dignité ? Qu’est-ce que l’indignité ? Qui la revendique ? Qui en est dépossédé ? Est-ce que cela se répare ? Où en est-on aujourd’hui ? C’est un sujet brûlant. Le livre est foisonnant et passionnant, mais peut-être d’une lecture un peu plus austère que son livre précédent, l’excellent « Ci-gît l’amer ». Pour ceux qui auraient besoin d’être encouragés : Cynthia chez Augustin Trapenard, à retrouver sur France 5, c’est ICI