Barbara Cassin-2.

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Ce que voit Barbara Cassin :

« Quand on tente de parler ensemble poésie et philosophie, c’est nécessairement avec véhémence, c’est-à-dire sans honte ni surmoi ironique. Pour dénoncer à tous les niveaux, donc avec des mots qui se bousculent, ces portions insupportables de contemporain, implantées et trop bien en place, qui abîment le vert vivace et bel aujourd’hui. Nous vivons derrière des grilles. Ces grilles sont d’abord des grilles de langage. Tout ce qui se fait, de l’école à l’hôpital, de l’accueil à l’innovation et à la création, doit rentrer dans ces grilles pour, tout simplement, exister dans l’évaluation qui définit le monde commun. Le plus effarant est que nous savons que nous en mourons/mourrons, mais que tout se passe comme si nous ne pouvions pas ne pas. La même impuissance double blindée nous englue dans le réchauffement du climat et le désarroi des espèces. Il y va d’un immense effet pervers lié au dévoiement de la performance : non plus énergie mais arrêt sur calcul et pseudo-calculs au moyen d’items techno-scientifiques politiquement asservis. Le ressort en est la toute-puissante définition de la qualité comme propriété émergente de la quantité, qui façonne sur le modèle d’un algorithme à la Google la perception financiarisable du monde, y compris sous couvert de démocratie. Protestation trop globale, protestations trop locales ? On va dans le mur, mais on a allumé les phares. »

Barbara Cassin. Introduction à « Que pensez-vous de ce que vous voyez ? » Quatrième partie de « Ce que peuvent les mots ». Bouquins. 2022.

Les observations de l’analyse de lisibilité effectuée par Yoast mon optimiseur de SEO : 1) Un des paragraphes fait plus de 150 mots. Raccourcissez vos paragraphes ! 2) 27,8% des phrases contiennent plus de 20 mots, ce qui est au-delà du ratio maximum recommandé de 25%. Raccourcissez vos phrases !

RIP Serge Livrozet

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« Chaque fois que j’ai eu affaire à un pouvoir quelconque, qu’il soit judiciaire, économique, hospitalier ou religieux, je me suis trouvé confronté à des gens qui voulaient contrôler mon esprit. » Serge Livrozet

À propos de Serge Livrozet, voir ici, ici, et ce qu’en dit G. Moreas, sans oublier l’indispensable Wikipedia.

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Jin, Jiyan, Azadî !

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Femme, Vie, Liberté ! En kurde. Excellent article en anglais dans Der Spiegel. Dans mes préoccupations personnelles de boomer première pression à froid, ce qui se joue aujourd’hui en Iran me parle et me touche intimement en tant qu’homme de l’anthropocène. Bien plus que d’autres envahissants sujets d’actualité. J’y vois le départ d’une vague encourageante, débordante, submergeante, porteuse d’émancipation et d’apaisement pour tout le genre humain. Cela prendra tout de même un certain temps. Ce ne sont pas la couverture médiatique timide accordée en France à la cause de cette révolution iranienne, les soutiens politiques prudents et les rares mobilisations citoyennes chaleureuses, mais sans réelle envergure, qui risquent de précipiter les choses. Nous sommes trop occupés par ailleurs. La sororité universelle n’est pas entrée en ébullition. Les femmes et la jeunesse iraniennes devront patienter.

Barbara Cassin-1

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« Ce que peuvent les mots » de Barbara Cassin sur le point de passer à l’extracteur de jus.

Pas de compte rendu rapide. Ma première rencontre avec Barbara Cassin. Ma première initiation sérieuse aux sophistes et à la sophistique. Exploration du monde de l’entre philosophie et littérature. Plus de 900 pages de grands crus millésimés. Cela se savoure, il faut laisser reposer entre les gorgées.

La soul du boss.

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« Only The Strong Survive » Bruce Springsteen.

Le boss reprend une sélection personnelle de standards de la soul et du r&b des sixties aux eighties – The Commodores, Diana Ross, Ben E. King, Jerry Butler, The Four Tops, The Temptations, excusez du peu. Des artistes et une musique noire qu’il a longtemps et beaucoup écoutée et à laquelle il rend un somptueux et respectueux hommage. « Trop peu de distance d’avec les versions originales » regrettent déjà certains, mais c’est là qu’est toute la beauté du travail de Bruce Springsteen: réduire la distance, aller à l’intime, coller au plus près, avec un plaisir manifeste, et beaucoup d’émotion. La richesse et la puissance de sa voix mature, lui permettent de ne surtout ne pas en faire trop.

11 novembre.

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« En temps de paix, les fils ensevelissent leurs pères ; en temps de guerre, les pères ensevelissent leurs fils ». Hérodote

Le 30 mai 1878, dans son discours pour le centenaire de Voltaire au Théâtre de la Gaité, Victor Hugo invite à en finir avec la glorification de la guerre. Il écrit aussi ce poème :

Depuis six mille ans la guerre
Plait aux peuples querelleurs,
Et Dieu perd son temps à faire
Les étoiles et les fleurs.

Les conseils du ciel immense,
Du lys pur, du nid doré,
N’ôtent aucune démence
Du cœur de l’homme effaré.

Les carnages, les victoires,
Voilà notre grand amour ;
Et les multitudes noires
Ont pour grelot le tambour.

Otto Dix. Der Krieg. Triptyque. 1929-1932.
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La gloire, sous ses chimères
Et sous ses chars triomphants,
Met toutes les pauvres mères
Et tous les petits enfants.

Notre bonheur est farouche ;
C’est de dire : Allons ! mourons !
Et c’est d’avoir à la bouche
La salive des clairons.

L’acier luit, les bivouacs fument ;
Pâles, nous nous déchaînons ;
Les sombres âmes s’allument
Aux lumières des canons.

Et cela pour des altesses
Qui, vous à peine enterrés,
Se feront des politesses
Pendant que vous pourrirez,

Et que, dans le champ funeste,
Les chacals et les oiseaux,
Hideux, iront voir s’il reste
De la chair après vos os !

Otto Dix. Der Krieg. 50 estampes. 1924
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Aucun peuple ne tolère
Qu’un autre vive à côté ;
Et l’on souffle la colère
Dans notre imbécillité.

C’est un Russe ! Egorge, assomme.
Un Croate ! Feu roulant.
C’est juste. Pourquoi cet homme
Avait-il un habit blanc ?

Celui-ci, je le supprime
Et m’en vais, le cœur serein,
Puisqu’il a commis le crime
De naître à droite du Rhin.

Rosbach ! Waterloo ! Vengeance !
L’homme, ivre d’un affreux bruit,
N’a plus d’autre intelligence
Que le massacre et la nuit.

On pourrait boire aux fontaines,
Prier dans l’ombre à genoux,
Aimer, songer sous les chênes ;
Tuer son frère est plus doux.

On se hache, on se harponne,
On court par monts et par vaux ;
L’épouvante se cramponne
Du poing aux crins des chevaux.

Et l’aube est là sur la plaine !
Oh ! j’admire, en vérité,
Qu’on puisse avoir de la haine
Quand l’alouette a chanté.

Otto Dix. Der Krieg. 50 estampes. 1924
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Terrain lourd.

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Henri Michaux.1983. Photo David Boeno.

« Tout devient plus glaireux qu’autrefois. Cette filandreuse épaisseur de jour en jour davantage… Voilà ce qui nous rend si poussifs et lents dans les montées. Il n’y a pas d’autre raison. »

Henri Michaux. Faits divers. Face aux verroux. 1967