Barbara Cassin-1

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« Ce que peuvent les mots » de Barbara Cassin sur le point de passer à l’extracteur de jus.

Pas de compte rendu rapide. Ma première rencontre avec Barbara Cassin. Ma première initiation sérieuse aux sophistes et à la sophistique. Exploration du monde de l’entre philosophie et littérature. Plus de 900 pages de grands crus millésimés. Cela se savoure, il faut laisser reposer entre les gorgées.

La soul du boss.

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« Only The Strong Survive » Bruce Springsteen.

Le boss reprend une sélection personnelle de standards de la soul et du r&b des sixties aux eighties – The Commodores, Diana Ross, Ben E. King, Jerry Butler, The Four Tops, The Temptations, excusez du peu. Des artistes et une musique noire qu’il a longtemps et beaucoup écoutée et à laquelle il rend un somptueux et respectueux hommage. « Trop peu de distance d’avec les versions originales » regrettent déjà certains, mais c’est là qu’est toute la beauté du travail de Bruce Springsteen: réduire la distance, aller à l’intime, coller au plus près, avec un plaisir manifeste, et beaucoup d’émotion. La richesse et la puissance de sa voix mature, lui permettent de ne surtout ne pas en faire trop.

11 novembre.

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« En temps de paix, les fils ensevelissent leurs pères ; en temps de guerre, les pères ensevelissent leurs fils ». Hérodote

Le 30 mai 1878, dans son discours pour le centenaire de Voltaire au Théâtre de la Gaité, Victor Hugo invite à en finir avec la glorification de la guerre. Il écrit aussi ce poème :

Depuis six mille ans la guerre
Plait aux peuples querelleurs,
Et Dieu perd son temps à faire
Les étoiles et les fleurs.

Les conseils du ciel immense,
Du lys pur, du nid doré,
N’ôtent aucune démence
Du cœur de l’homme effaré.

Les carnages, les victoires,
Voilà notre grand amour ;
Et les multitudes noires
Ont pour grelot le tambour.

Otto Dix. Der Krieg. Triptyque. 1929-1932.
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La gloire, sous ses chimères
Et sous ses chars triomphants,
Met toutes les pauvres mères
Et tous les petits enfants.

Notre bonheur est farouche ;
C’est de dire : Allons ! mourons !
Et c’est d’avoir à la bouche
La salive des clairons.

L’acier luit, les bivouacs fument ;
Pâles, nous nous déchaînons ;
Les sombres âmes s’allument
Aux lumières des canons.

Et cela pour des altesses
Qui, vous à peine enterrés,
Se feront des politesses
Pendant que vous pourrirez,

Et que, dans le champ funeste,
Les chacals et les oiseaux,
Hideux, iront voir s’il reste
De la chair après vos os !

Otto Dix. Der Krieg. 50 estampes. 1924
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Aucun peuple ne tolère
Qu’un autre vive à côté ;
Et l’on souffle la colère
Dans notre imbécillité.

C’est un Russe ! Egorge, assomme.
Un Croate ! Feu roulant.
C’est juste. Pourquoi cet homme
Avait-il un habit blanc ?

Celui-ci, je le supprime
Et m’en vais, le cœur serein,
Puisqu’il a commis le crime
De naître à droite du Rhin.

Rosbach ! Waterloo ! Vengeance !
L’homme, ivre d’un affreux bruit,
N’a plus d’autre intelligence
Que le massacre et la nuit.

On pourrait boire aux fontaines,
Prier dans l’ombre à genoux,
Aimer, songer sous les chênes ;
Tuer son frère est plus doux.

On se hache, on se harponne,
On court par monts et par vaux ;
L’épouvante se cramponne
Du poing aux crins des chevaux.

Et l’aube est là sur la plaine !
Oh ! j’admire, en vérité,
Qu’on puisse avoir de la haine
Quand l’alouette a chanté.

Otto Dix. Der Krieg. 50 estampes. 1924
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Terrain lourd.

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Henri Michaux.1983. Photo David Boeno.

« Tout devient plus glaireux qu’autrefois. Cette filandreuse épaisseur de jour en jour davantage… Voilà ce qui nous rend si poussifs et lents dans les montées. Il n’y a pas d’autre raison. »

Henri Michaux. Faits divers. Face aux verroux. 1967

Erlend Apneseth Trio – Lokk

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Erlend Apneseth: Hardanger fiddle, mora harp
Øyvind Hegg-Lunde: drums, percussion, electronic drums
Stephan Meidell: acoustic baritone guitar, sampler, electronics

Allez les Bleues !

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Samedi 5 novembre, à 7h30 heure de Paris, les Bleues affrontent les Black Ferns néo-zélandaises en demi-finale de la coupe du monde de rugby à l’Eden Park d’Auckland. On ne renverse pas son café et on retient son souffle.

Mise à jour: Caramba ! Encore raté !

Roman. Vladimir Sorokine

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Russe. Roman russe. Grand roman russe. Magistralement russe.

Pour comprendre un pays, un lieu, sa mémoire, son alchimie profonde, les raisons des conflits et tensions qui le traversent, sans avoir les yeux rivés sur l’actualité, avec pour seul recul les experts et les éditorialistes, je préfère me tourner vers les auteurs. Je cherche des livres. Le temps et le travail de la littérature. Mais pas seulement. Je veux savoir ce que racontent les auteurs et les artistes. Ceux qui chantent, dansent, filment, peignent, animent, font œuvre, donnent à leur lieu une chair et une âme. Les grands auteurs sont à la fois universels et indissociables de leur lieu, de son génie propre, de ses fantasmes, de ses démons, bref de sa culture. Vladimir Sorokine est de ceux-là.

« Tout dégoulinait à l’entour : l’étroit quai de bois, la balustrade, le banc, les branches des peupliers, nues et droites comme des épées, aux bourgeons gonflés sur le point d’éclore. Le train siffla de nouveau en prenant de la vitesse, la portière de fer claqua, les fenêtres tendues de stores défilèrent. Roman marcha jusqu’à la balustrade et posa une main gantée de daim gris sur le bois dont la peinture s’écaillait… »
Le roman de Vladimir Sorokine s’ouvre sur des pages marquées au coin de la grande littérature russe du XIXe siècle. Au fil du récit et de l’action, l’auteur revisite, tour à tour, Pouchkine, Tolstoï, Tourgueniev et bien d’autres. La Russie des profondeurs, intemporelle, apparaît riche, chaleureuse, drôle, émouvante, aimant le bon boire et le bien manger. La maestria de Sorokine est ici éblouissante. Mais imperceptiblement le tableau se déconstruit et emporte brutalement le héros vers un destin contemporain et un dénouement stupéfiant qui laisse le lecteur effaré. (Texte des Editions Verdier)

Roman. Vladimir Sorokine. Traduit du russe par Anne Coldefy-Faucard. Editions Verdier. 608 pages. 2010.