Ce que peuvent les mots. Compte rendu de lecture.
Trois semaines intimes avec Barbara Cassin. Se laisser envahir. Vertige de l’amour. Mêler nos langues. Jouir du trouble dans les plis. Partager l’émoi. S’enfoncer dans l’histoire profonde. Plonger avec volupté dans la perpétuelle fraîcheur de l’incertain. Frôler, caresser, sentir. Chérir les verbes. Avancer sans crainte, pieds nus, dans l’ombre des phrases. Baigner dans le presque indicible. Toucher l’écorce. Écouter l’arbre. Effleurer la peau nerveuse des feuilles. Inspirer les parfums. Respecter les mousses et les champignons. Nourrir l’équivocité. Chanter l’incertain sous la lune. Sauter la barrière. Passer la frontière. Chercher une autre rive. N’importe laquelle. Fuir les piscines, nager dans le courant. Respirer dans l’entre. Ivresse de l’inconnu, joie du méconnu, oubli du con, du connu. Fluidifier les flux. Fuir le dur, le sûr et le pur. Se désapproprier les droits de. Se méfier de l’universel. Éviter les plus petits communs. Miroir aux alouettes. Travailler l’arable, produire du créole versatile. Chérir Homère. Partir en Chine avec Ulysse. Chahuter les professeurs. Taquiner les maîtres à penser dans leur sarcophage : « Quel con ce Platon ! Heideg-guéridon ! ». Contester les encyclopédies, enrichir les dictionnaires. Douter de l’homme, mais aimer les femmes et la poésie. Fuir les modernes certitudes. Détacher les étiquettes, barrer les code-barres, ignorer les QR. Anarchiser le digital : « Blockchain-de-vélo, NFT toi-même ! Ni Dieu ni twitter ! Regarde maman : sans google ! » Laisser pénétrer l’étrange étranger. Que dit-il ? Tendre l’oreille. Capter le silence entre les mots. Chérir. Déshabillez-vous. Soulever et retourner les phrases. – « Que pensez-vous de ce que vous vivez ? Comment ? Parlez plus fort. »