J’suis snob
Foutrement snob
Tous mes amis le sont
On est snobs et c’est bon (…)
Boris Vian -1954
L'impossible est le moins que l'on puisse exiger. James Baldwin
J’suis snob
Foutrement snob
Tous mes amis le sont
On est snobs et c’est bon (…)
Boris Vian -1954
La romancière à succès (prix Goncourt 2014) nous invite à partager ses connaissances en la matière. La revendication d’irréfutabilité du manuel est sans doute excessive et le néologisme successologie ne semble pas indispensable pour un ouvrage de vulgarisation populaire que l’on se serait attendu à trouver dans les collections dédiées : « Les clés de la réussite », les manuels de la série « Pour les nuls », ou encore parmi les offres des coachs épanouisseurs de : lesclésdusucces.eu
Pour le dire simplement, Lydie Salvayre ne nous apprend pas grand-chose. Le lecteur curieux de découvrir des chemins inédits vers la fortune et la gloire sera déçu. Tout cela a déjà été révélé, dit, chanté, répété maintes et maintes fois, en prose et en vers, depuis Ésope et Aristophane. Si la quête du succès à tout prix est votre but : oubliez l’honneur et l’intégrité, courbez l’échine lorsque c’est profitable, flattez votre public, flagornez les puissants, dénigrez vos rivaux, gonflez votre talent, donnez-vous de l’importance, etc. La règle est inébranlable, que vous soyez chroniqueur, littérateur, youtubeur, architecte, artiste, médecin, professeur ou philosophe. À défaut d’innovation ou de perspicacité, l’irréfutable essai salvayrien se contente d’actualiser les recettes ancestrales et les portraits convenus de parvenus, aigrefins, demi-célébrités, fausses gloires, pour les présenter à l’heure de la virtuelle renommée pour tous à portée de clics. Un sketch d’Anne Roumanoff ou de Florence Foresti aurait suffi à enfoncer le clou. À s’étendre sur le sujet, on court des risques. L’ironie insistante n’est pas toujours légère, le trait devient parfois appuyé et laisse transparaître à plusieurs reprises une condescendance élitiste embarrassante – Oh pôvre bookstagrameuse !
Il y a peu, Lydie Salvayre, au travers de quelques belles lettres adressées à Cervantès, invitait ses lecteurs à Rêver debout. Excellent programme. Il n’y avait rien à ajouter. Hélas, vint ce futile Irréfutable essai avec son second degré insistant et sa leçon de morale finale pour celui ou celle qui n’aurait toujours pas compris le message de l’autrice: « Je rigole, banane ! Il ne faut évidemment pas suivre les conseils du livre. C’est le chemin étroit et escarpé qu’il te faudra suivre si tu veux t’élever, mon cochon.«