Sur sa route.

Temps de lecture : 3 minutes

Quel voyage ! Magnifique dérive à travers le Mexique et bien au-delà.
Pour dire la vérité, malgré ses nombreux trésors naturels et culturels, le Mexique n’était pas une destination qui me fascine. Je ne suis pas très sensible au charme des cartes postales mexicaines, le folklore polychrome, la fête des morts, les pinatas, les resorts de bord de mer pour Américains, je me lasse vite des mariachis, des margharitas, du mezcal, des tacos, des tamales et des enchiladas, de la peinture de Frida Khalo, des histoires de peyotl, de chamanes, de sorciers Yakis et de zapatistes. J’ai horreur des narcos, des chansons narcocorridos, des federales, des milliers de disparitions et autant de féminicides chaque année. J’y suis allé une fois en touriste nanti, j’ai à peine gratté la surface, mais je n’ai jamais eu envie d’y retourner.
Et puis, j’ai dévoré d’un trait La Realidad de Neige Sinno. La Française Mexicaine ou la Mexicaine Française, selon l’endroit d’où on la regarde. Elle m’a emporté au Mexique, à la fois loin de moi-même et au plus profond de moi-même. Elle m’a entraîné comme une sœur, deux fois dans le sanctuaire zapatiste du Chiapas, à deux cents kilomètres de San Cristóbal de Las Casas; la seconde avec quarante-deux autres femmes descendues du Michoacán. Je n’ai jamais entendu battre le cœur et senti l’esprit d’autant de femmes autour de moi. Elle m’a déposé un soir aux pieds d’Antonin Couteau, Antonin Marteau, Antonin Artaud, poète en flammes, l’homme-cheval noir, son sang et les sept soleils. Elle m’a aussi lu dans le bus cahotant des pages inoubliables de Le Clezio (Le livre des fuites. 1969). Comme Jean-Marie Gustave, où que j’aille m’égarer dans le monde, je sais qu’aux yeux de celles et ceux qui vivent de la terre et qui ne le sont pas, je ne serais jamais ni indien, ni indigène, ni aborigène, ni même un autochtone, seulement un homme blanc, un mâle étranger venu d’un pays lointain, riche et puissant. Ce n’est pas vraiment une bénédiction, mais ce n’est pas non plus une malédiction, car libre à moi de ne pas m’en satisfaire. Je peux cheminer dans l’entre. Refuser de me restreindre, refuser d’appartenir à un clan, refuser même de m’appartenir. Rester errant. Toujours dans le déséquilibre de la marche. Toujours dans le désir d’apprendre, la volonté de comprendre, mais dans l’acceptation de l’imperfection, de l’inexorable approximation de ce qui reste insaisissable. Il y a dans ce chemin autant de tristesse que de joie. Autant de douleur que de plaisir. Cheminons sans crainte vers l’ailleurs. Cela peut s’écrire quand écrire est ce que l’on sait le mieux faire. Et l’écriture de Neige Sinno marche, enchaîne tours et détours, trace, sème, plante, éclaire. Lecteur, lis, avance, progresse !
En route vers La Realidad avec Neige Sinno, j’étais rempli des mots de Wajdi Mouawad dans sa formidable leçon inaugurale au Collège de France : « L’ombre en soi qui écrit ». Comment le vrai, n’est pas le réel. Comment le réel ne suffit pas. Comment l’exactitude n’est pas la vérité (Matisse). Comment, certaines choses – les plus précieuses et les plus belles assurément – doivent leur existence à l’effacement de la raison. On n’atteint jamais vraiment La Realidad. La Realidad n’est pas le bout du chemin et c’est tant mieux.

Madame Alice Develey, qui a certainement roulé sa bosse sur des sentiers autrement plus dangereux et escarpés que Neige Sinno, avant de devenir critique au Figaro Littéraire, a jugé que La Realidad, franchement c’était de la gnognotte pour oie blanche, elle a titré son papier : « La Realidad de Neige Sinno, un décevant Martine au Mexique. » Prends ça dans ta face, Neige !
Je n’ai pas dû lire le même livre.

Est-ce ainsi que les hommes vivent et leurs baisers au loin les suivent ?

Temps de lecture : 2 minutes

Pour les femmes, c’est sans doute beaucoup plus que cela, mais pour les hommes, c’est un cadeau. Une lumière. Un rayon de soleil. Des poutres qui tombent des yeux.
Je me suis revu satisfait de ne pas être un gros porc, fier de ne pas être un peloteur, un harceleur, un beauf’. Un type bien en somme. Presque un féministe. Je me suis vu tel qu’elles ont pourtant dû me voir celles auxquelles j’ai manqué de respect sans même m’en rendre compte. Je leur demande pardon.
J’ai compris l’effet que cela fait de se soumettre par lassitude. Ces capitulations muettes, ces faux consentements que les hommes acceptent si facilement.
Je me satisfaisais de deviner les différentes formes subtiles et hypocrites de la domination masculine. Je ne les connaissais que de façon vague, désincarnée, abstraite. De quoi, dans mon cas, être un peu honteux, mais pas plus que ça. Pas la peine de trop fouiller par là. Je suis un humaniste, je suis sûrement du bon côté. Ces formes de domination, Anouk me les a montrées bien éclairées, de profil et de face. En gros plan. Presque au toucher. J’ai frémi. Le respect, c’est donc plus exigeant que ce que je croyais.
Je me suis mis à la place d’Anouk. Je me suis allongé à la place de l’enfant Anouk. De l’actrice Anouk. J’ai compris, senti, la dure boule noire froide que l’on a enfouie au plus profond d’elle. Une boule inexpugnable à jamais. Elle écrit : « Ça dure quelques minutes pour l’homme et une vie entière pour une femme. » J’ai compris ça. Et bien d’autres choses. L’horreur de l’emprise et de son déni.
Je me suis revu connement béat d’admiration devant les films de Bertrand Blier salué comme une personnalité « anticonformiste, irrévérencieuse, parfois provocante et briseuse de tabous, mais toujours teintée de tendresse et parcourue d’une poésie foutraque ». Tu parles d’un poète ! Un sanglier graveleux et salace comme Depardieu et Jean-Marie Bigard.
J’ai compris comme l’avait déjà expliqué Neige Sinno dans Triste Tigre que si hélas l’amour ne répare rien, il permet de vivre, de retrouver le goût du bonheur. Combien aimer et être aimé est essentiel. Tout cela le livre l’éclaire sans filtre, mais sans colère, avec dignité, franchise et hauteur. Ce courage de dire publiquement la vérité, de dire toute la vérité crue et nue, quelles qu’en soient les conséquences pour soi, les Grecs lui avaient donné un nom : la parrêsia. Parrésiaste est le nom de celui ou celle qui ose cette liberté de parole. J’ai été pris par la main d’une parrésiaste combattante, une femme généreuse, debout, fière, aimante et lumineuse. Merci Anouk Grinberg.

Cardiotonique

Temps de lecture : 2 minutes

On se croit à l’abri dans son fauteuil et puis on est emporté par une tornade. On se rassure, on se dit que toute cette folie furieuse, sexe, violence, mensonges, avidité, délires, passions fatales, ce n’est que de la fiction, née de l’esprit tourmenté de l’auteure, mais on sait bien que des Francesco, Jalréas, Barbara… existent autour de nous, en chair et en os. Ce qui change, c’est l’écriture impitoyable, le regard rapproché. Au contact. C’est un roman singulier, très libre, fougueux, sans peur. On se prend Revers comme une claque littéraire, aller et retour. On en sort un peu sonné, mais ça décrasse et ça déniaise.

Synopsis de l’auteure :
Aussitôt née, aussitôt abandonnée par une mère volage, Francesca, fleur noire des favelas, ne cesse de grandir jusqu’à devenir Francesco un surprenant géant transexuel. Les bas-fonds tropicaux ne font pas de cadeaux. Drogues, vols, viols et mauvaises rencontres, comme Jalréas, spécialiste en assassinats et sales combines.
Francesco devenu impresario de la capricieuse Maria Belgrade, diva de cabaret avec danseuses délurées, ne nourrit qu’une obsession : retrouver sa mère. Il en charge le sinistre Jalréas. Voilà Barbara, blonde vénale, intrigante jetsetteuse, débusquée.
Tout s’emballe. Dans un bar à hôtesses, Francesco est subjugué par la troublante Annabelle, irrésistible travesti aux multiples talents. Lors d’une soirée mondaine sur un yacht, Francesco le cerveau en feu, explose. Il y a mort d’homme. Il doit fuir.
La descente infernale est lancée. Le destin ne connaît que des allers simples.
Plus que noir, Revers est un roman fiévreux, une immersion déraisonnable. Revers dérange, Revers bouscule.

Bleue Roy est artiste peintre plasticienne. Elle manie sa plume et ses pinceaux avec le même objectif : provoquer l’imprévisible. En littérature comme en peinture, Bleue Roy frappe par la singularité du style.

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L’ombre en soi qui écrit.

Temps de lecture : < 1 minute

Résumé

Tout héros qu’il est, Ulysse résiste aux chants des sirènes et demande à être attaché au mât du navire. Le fils de Laërte met toute son ardeur à ne pas prendre part à ce qui attire son équipage. S’y soumettre signifierait le terme du voyage. De même, le poète oppose une résistance farouche à l’attraction du savoir. Non pas qu’il soit contre le savoir, au contraire, mais obstinément, avec entêtement il cherche à garder inaccessible un fragment qui échappe depuis toujours au savoir. Si chaque objet a une ombre portée, le savoir aussi a la sienne, zone, paradoxalement, dont il est lui-même la raison et qui lui est interdite. Qui lui est, par définition, impossible d’éclairer de ses lumières. Pour s’aventurer dans cette ombre, il faut impérativement un Stalker. Certaines choses donc ne s’enseignent pas. Non seulement elles ne s’enseignent pas, mais l’acte de vouloir les enseigner les annule aussitôt. Elles doivent leur présence à l’effacement de la raison. Peut-être à une folie, à une transe, une perte, une dérive. Peut-être aussi, sans doute même, au sang qui est pour beaucoup dans l’ardeur d’une ombre qui trouve ses origines dans les profondeurs de nos violences et nos barbaries. L’une étant l’écho de l’autre, pour qui alors se penche vers l’écriture apprend, et parfois à ses dépens, que tout comme tomber dans le vide ne s’apprend pas, écrire ne s’enseigne pas plus. Il s’agira d’essayer de comprendre pourquoi.

Ecrire pour exister.

https://www.college-de-france.fr/fr/actualites/ecrire-pour-exister

Invitation à se faire plaisir.

Temps de lecture : < 1 minute

Ce serait folie que de ne pas profiter d’une telle friandise !
Avec Bristol, Echenoz est au sommet de sa forme et de son savoir faire. Quand on aurait tendance à se laisser aller à des pensées lugubres, à croire que tout fout le camp et qu’on serait presque prêt à sauter à poil par la fenêtre comme l’inconnu de la première page de Bristol, l’ironie élégante d’Echenoz est là pour nous épater et nous ravir. Echenoz excelle dans la littérature comme ces artistes illusionnistes manipulateurs virtuoses qui sous notre nez, sans accessoires, ensorcellent les cartes à jouer.
Pour en savoir davantage sur Bristol, lire la belle critique de Claire Paulian sur le site En attendant Nadeau.

Sècheresse

Temps de lecture : < 1 minute

A propos de réchauffement climatique, voici un très beau petit livre de Yan Lianke : LES JOURS, LES MOIS, LES ANNÉES. L’édition française parue aux éditions Picquier date déjà de 2009 et la version poche de 2014. En 2024 le livre est plus brûlant que jamais.
Sous la forme d’une fable ou d’un conte, dans une écriture épurée à l’extrême, Yan Lianke – né lui-même dans une famille illettrée de paysans pauvres du Henan – raconte la lutte acharnée d’un vieil homme et de son chien aveugle pour sauver un unique pied de maïs de la sécheresse impitoyable qui frappe un village isolé désormais déserté par tous ses habitants.
C’est le récit du combat humain contre toutes les fatalités, pour la survie, pour la vie et surtout pour la transmission de la vie.
Cela commence ainsi :
Cette année-là, la sécheresse semblait ne devoir jamais finir, le temps lui-même paraissait avoir été réduit en cendres et le charbon des jours se consumait dans nos mains. (…)

La plume triomphe du couteau.

Temps de lecture : 2 minutes

C’est une histoire tranchante. Le couteau de Kamel Daoud, léger comme une plume, étincelle, vole, incise, découpe le lecteur fasciné pour le glisser dans la peau d’une jeune femme algérienne. Une rescapée des massacres de la guerre civile. Une mal égorgée, mutilée des cordes vocales, une survivante embarrassante même aphone. Sa voix intérieure est enflammée, inapaisée, accablée par l’islam. Une femme privée d’oxygène et de liberté, asphyxiée par les hommes et leur régime pathétique.
Cinq ans après le massacre de deux cent mille civils par les islamistes entre 1990 et 2000, le pouvoir a décidé de pardonner. Il n’y a qu’une seule guerre dont on doit se souvenir en Algérie : l’héroïque guerre d’indépendance contre la France. D’un coup de crayon, les égorgeurs barbus ont disparu, recyclés, transformés en inoffensifs cuisiniers. Des couteaux, toujours des couteaux et des millions d’agneaux. De toute façon, tout cela est la faute des femmes, leur impudeur maladive et leur insupportable insolence. En 2023, la lâcheté et l’oubli arrangent tout le monde en Algérie (et au-delà), sauf quelques rares victimes inconscientes qui osent encore questionner les imams, défier l’omerta et l’oubli. A leurs risques et périls.
La plongée dans le désert noir de l’Algérie est suffocante. L’amour pour Aube et sa minuscule houri est irrésistible. Quand on ne se blesse pas aux pages les plus acérées du livre on se brûle à ses chapitres les plus incandescents. Parfois, un roman d’amour peut faire cela.
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil. » René Char

L’ikeatérature.

Temps de lecture : < 1 minute

« (…) When I teach creative writing, I always tell my students that a good story, by definition, has to be smarter than the person who wrote it. Because if it’s less smart, that means the writer wasn’t writing a story but assembling a piece of Ikea furniture.(…) » 
Etgar Keret

« (…) Lorsque j’enseigne la création littéraire, je dis toujours à mes étudiants qu’une bonne histoire, par définition, doit être plus intelligente que la personne qui l’a écrite. Car si elle est moins intelligente, cela signifie que l’auteur n’écrivait pas une histoire mais assemblait un meuble Ikea.(…) »
Etgar Keret

Le destin de la bête dans la jungle.

Temps de lecture : 2 minutes

On aurait tort de vouloir écrire sans avoir lu Henry James, lire Chateaubriand et Flaubert, ce n’est pas suffisant.

Ce serait folie que de vouloir écrire une histoire d’amour sans avoir lu « La bête dans la jungle » de Henry James, parue en 1903. Ce qu’en dit Wikipedia.
En 1981, « La bête dans la jungle » de Henry James est adaptée pour le théâtre par Marguerite Duras dans une mise en scène de Alfredo Arias. C’était prévisible.

En 1988, Delphine Seyrig et Sami Frey sont les interprètes attendus de l’adaptation Duras dans le téléfilm de Benoît Jacquot. Cela se trouve en DVD et cela se regarde sur YouTube).
En 2004, Depardieu et Fanny Ardant jouent cette fois l’adaptation par James Lord du texte de Henry James. Un casting peut-être moins évident. Cela se trouve également en DVD.

En 2023, le texte d’Henry James a fait l’objet d’un film franco-belge-autrichien, adaptation libre de Patrick Chiha avec Anaïs Demoustier, Tom Mercier et Béatrice Dalle. Le pitch : « Pendant 25 ans, dans une immense boîte de nuit, un homme et une femme guettent ensemble un événement mystérieux. De 1979 à 2004, l’histoire du disco à la techno, l’histoire d’un amour, l’histoire d’une obsession » (Sic). Disponible en DVD. La bande annonce.

En 2025, « La bête dans la jungle » de Henry James fera certainement l’objet d’une nouvelle adaptation en immersion fictionnelle, réalité virtuelle 8K, avec avatars de Kyle Jenner et Justin Bieber, musique probablement de Taylor Swift. Accessible sur Meta, grâce au casque Meta Quest-3.

Danse avec Fanon.

Temps de lecture : 2 minutes

Comment écrire la biographie d’un homme comme Frantz Fanon, aujourd’hui, dans la tourmente idéologique de la décolonisation ? Comment résister à la facilité de se conformer à l’icône, à la légende révolutionnaire dorée ? Comment restituer le flux et les paradoxes d’une vie d’homme sans la pétrifier pour la réduire à un totem ?
Par un indispensable et minutieux travail de documentation, par une immersion profonde dans l’œuvre, par la mise en perspective historique et politique des différentes étapes du bref mais intense parcours de Frantz Fanon.
Mais surtout en acceptant sa propre subjectivité. L’auteur d’une biographie honnête ne peut se prétendre neutre, encore moins objectif. Le biographe met les pieds dans la vie de son sujet. Une biographie peut être une œuvre créative et toute œuvre recèle le portrait de son auteur. Orson Welles disait qu’il n’y a pas de biographie plus intéressante que celle dans laquelle le biographe est présent. Encore faut-il que le biographe ne tente pas de se dissimuler en enfilant la robe de l’hagiographe.
Toute l’humanité et toute la sagacité d’Adam Shatz s’expriment dans sa passionnante rencontre avec un Fanon restitué on ne peut plus body and soul, c’est à dire en mouvement constant.
 » … (Fanon) bon vivant et ascète, rebelle et psychiatre consciencieux, homme ambitieux et militant désintéressé, intellectuel urbain idéalisant la paysannerie, adversaire de la France profondément nourri de ses traditions révolutionnaires jacobines et, enfin, nomade en quête perpétuelle d’une patrie. »

Adam Shatz conclut son livre par ces lignes :
(…) « Reste que pour interpréter les écrits de Fanon, il faut aussi se risquer à une série de conjectures, et je serais le premier à admettre que ce livre est, en partie, une œuvre d’imagination. Fanon a grandi sur une île où, depuis l’époque du marronage, la liberté a toujours été associée au secret et aux tentatives de fuir la captivité ; sa vie intérieure nous échappera toujours. J’ai donc aussi mis en œuvre une lecture symptomale de son œuvre, à l’écoute des lacunes, des silences, des tensions, et des contradictions, et attentif à la trace presque imperceptible, dans sa prose impétueuse, de la distance entre l’univers dont il avait hérité et le monde que lui et bien d’autres espéraient créer après l’effondrement des empires européens. »(…)

Beau travail !

Adam Shatz. Frantz Fanon. Une vie en révolutions. La Découverte.
Version papier : 28.00 € Version numérique : 21.99 €






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