Invitation à se faire plaisir.

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Ce serait folie que de ne pas profiter d’une telle friandise !
Avec Bristol, Echenoz est au sommet de sa forme et de son savoir faire. Quand on aurait tendance à se laisser aller à des pensées lugubres, à croire que tout fout le camp et qu’on serait presque prêt à sauter à poil par la fenêtre comme l’inconnu de la première page de Bristol, l’ironie élégante d’Echenoz est là pour nous épater et nous ravir. Echenoz excelle dans la littérature comme ces artistes illusionnistes manipulateurs virtuoses qui sous notre nez, sans accessoires, ensorcellent les cartes à jouer.
Pour en savoir davantage sur Bristol, lire la belle critique de Claire Paulian sur le site En attendant Nadeau.

Submersion

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« Dès l’instant que vous avez le sentiment d’une submersion, de ne plus reconnaître votre pays, les modes de vie ou la culture, dès cet instant-là vous avez rejet ».
François Bayrou

Monsieur le Premier ministre,
je ne reconnais plus mon pays, ses modes de vie, sa culture.
– J’ai le sentiment d’une submersion organisée, de la peur, la haine, la xénophobie, le racisme, l’antisémitisme. C’est trop.
– J’ai le sentiment d’une submersion par les noyades de migrants. 3 155 migrantes et migrants morts en méditerranée en 2023. 158 en tentant de traverser la Manche. Plus de 4500 disparitions en mer en 2024. C’est trop.
– J’ai le sentiment d’une submersion par les violeurs.
230 000 femmes de plus de 18 ans ont été victimes de viols ou ont subi des tentatives de viols et agressions sexuelles en 2022. C’est trop.
– J’ai le sentiment d’une submersion par les violences conjugales.
Plus de 271 000 victimes signalées. Deux fois plus qu’il y a dix ans ! Près d’une centaine de féminicides sont commis chaque année par un compagnon ou un ex-compagnon. C’est trop.
– J’ai le sentiment d’une submersion par les maltraitances parentales.
Tous les cinq jours un enfant est tué par ses parents. Toutes les 3 minutes, un enfant est victime d’inceste, de viol ou d’agression sexuelle en France. C’est trop.
– J’ai le sentiment d’une submersion par la pauvreté.
Plus de cinq millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté. Un français sur six, un étudiant sur cinq, ne mange pas à sa faim. Plus de trois millions de Français sont sans logement satisfaisant. Il y a trois fois plus de sans-abri en France qu’en Espagne et six fois plus qu’au Portugal. C’est trop.
– J’ai le sentiment d’une submersion par la malbouffe.
Les scientifiques imputent à la malbouffe : 8 millions d’obèses, 500 000 insuffisants cardiaques, dix millions d’hypertendus, et plus 4,5 millions de diabétiques. C’est trop.
– J’ai le sentiment d’une submersion par la pollution.
« (…) entre 12 et 20 % des nouveaux cas de maladies respiratoires chez l’enfant et entre 7 et 13 % des nouveaux cas de maladies respiratoires, cardiovasculaires ou métaboliques chez l’adulte sont attribuables chaque année aux particules fines ». C’est trop.
– J’ai le sentiment d’une submersion par le complotisme et les infox.
40% des français déclarent adhérer à au moins un contre-vérité scientifique. 35% déclarent croire à des complots divers. Un français sur deux est climatosceptique. 27 % des Français de 18 à 24 ans pensent que les humains ont été créés par une force spirituelle plutôt que par l’évolution. C’est trop.
– J’ai le sentiment d’une submersion linguistique.
Le français recule. Les anglicismes pullulent, dopés au marketing, ils prolifèrent librement, s’installent, envahissent ma vie. C’est trop.
– J’ai le sentiment d’une submersion par la médiocrité généralisée. L’abrutissement et la bêtise se répandent par ruissellement continu du haut vers le bas de la société et non l’inverse.
C’est trop Monsieur le premier Ministre.
Mon rejet gonfle sous ma submersion.

P.S. : liste à laquelle il faudrait ajouter mon sentiment de submersion face au malaise dans l’éducation nationale et dans l’hôpital et bien d’autres encore.

27 janvier 1945, les soldats de l’Armée Rouge découvraient, ouvraient, entraient, mais ne libéraient pas, le camp d’Auschwitz-Birkenau.

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Ma mère, Leni, la Häftling tatouée N° 78.738, contestait l’emploi des mots « libération d’Auschwitz » à chaque commémoration.

Ce fut son dernier combat. Un devoir. Elle l’a mené pendant 60 ans, jusqu’à sa mort en 2005. Pendant des années, elle a écrit avec détermination des lettres aux journaux et aux institutions mémorielles. Elle a raconté qui elle était, fourni son numéro matricule, indiqué des dates, nommé des lieux, témoigné de ce qu’elle avait vu et même noté. Ce qu’elle savait pour l’avoir vécu. Elle donnait des preuves, elle citait des témoignages incontestables. Personne ne pouvait prétendre avoir « libéré » Auschwitz-Birkenau. Elle dénonçait un mensonge international et consensuel. Un mensonge qui arrangeait tout le monde, un mensonge qui permettait aux Alliés de commémorer la « libération d’Auschwitz » avec la conscience tranquille. Ce que l’on racontait aux enfants n’était pas la vérité. Ce qui se passait à Auschwitz était connu, mais n’a jamais constitué une priorité pour les Alliés. Auschwitz n’a  été « libéré » par personne. La guerre avait d’autres urgences. Les Juifs attendraient. Quand les soldats de l’Armée Rouge ont atteint Oswiecim, ils ignoraient ce qu’ils allaient découvrir. Ils n’avaient reçu aucune consigne (Ceci est confirmé par les mémoires du Gl. Petrenko lui-même, dit « le libérateur d’Auschwitz » ).
Auschwitz a été abandonné par ses gardiens et ses kapos. La température mi-janvier 1945 était de – 25°. Il ne restait plus dans le camp que des agonisants et des malades intransportables. Le camp avait déjà été vidé et évacué par tous ceux qui étaient encore en état de voyager ou de marcher. 50 000 personnes environ. Leni avait surtout marché, en longue colonne de femmes, puis en wagons à bestiaux découverts pour contourner Berlin, et ainsi de suite, 1 300 km vers le Nord, jusqu’à Ravensbrück d’abord, puis Malchow, toujours dans le Mecklembourg. Et leur marche de la mort s’arrêta enfin lorsqu’elles furent abandonnées sans eau et sans nourriture par leurs gardes SS et rattrapées par l’Armée Rouge.
Pour la première fois, aujourd’hui, je lis dans Le Monde les mots : «  commémoration de l’ouverture d’Auschwitz » au lieu de « libération ».
Leni a gagné.

Le 20 février 1993, l’auteur se confrontait à Birkenau.

Il s’agit d’un effondrement intellectuel, mental, spirituel, éthique. Patrick Chamoiseau

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Tribune libre, parue dans Le Nouvel Obs.

« Partout, sévit un individualisme convulsif noué à l’opium du pouvoir d’achat »

https://www.nouvelobs.com/bibliobs/20241210.OBS97619/contre-trump-de-la-culture-de-la-culture-par-patrick-chamoiseau.html

Dal:um

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Dal:Um est la formation musicale très singulière de deux musiciennes sud-coréennes, Ha Sueyan et de Hwang Hyeyoung qui jouent de façon très contemporaine de deux instruments traditionnel le gayageum et le geomungo. Cracking est extrait de leur second album Coexistence. Interview des deux artistes ci-dessous.