« Chaque fois que j’ai eu affaire à un pouvoir quelconque, qu’il soit judiciaire, économique, hospitalier ou religieux, je me suis trouvé confronté à des gens qui voulaient contrôler mon esprit. » Serge Livrozet
Femme, Vie, Liberté ! En kurde. Excellent article en anglais dans Der Spiegel. Dans mes préoccupations personnelles de boomer première pression à froid, ce qui se joue aujourd’hui en Iran me parle et me touche intimement en tant qu’homme de l’anthropocène. Bien plus que d’autres envahissants sujets d’actualité. J’y vois le départ d’une vague encourageante, débordante, submergeante, porteuse d’émancipation et d’apaisement pour tout le genre humain. Cela prendra tout de même un certain temps. Ce ne sont pas la couverture médiatique timide accordée en France à la cause de cette révolution iranienne, les soutiens politiques prudents et les rares mobilisations citoyennes chaleureuses, mais sans réelle envergure, qui risquent de précipiter les choses. Nous sommes trop occupés par ailleurs. La sororité universelle n’est pas entrée en ébullition. Les femmes et la jeunesse iraniennes devront patienter.
« Ce que peuvent les mots » de Barbara Cassin sur le point de passer à l’extracteur de jus.
Pas de compte rendu rapide. Ma première rencontre avec Barbara Cassin. Ma première initiation sérieuse aux sophistes et à la sophistique. Exploration du monde de l’entre philosophie et littérature. Plus de 900 pages de grands crus millésimés. Cela se savoure, il faut laisser reposer entre les gorgées.
Le boss reprend une sélection personnelle de standards de la soul et du r&b des sixties aux eighties – The Commodores, Diana Ross, Ben E. King, Jerry Butler, The Four Tops, The Temptations, excusez du peu. Des artistes et une musique noire qu’il a longtemps et beaucoup écoutée et à laquelle il rend un somptueux et respectueux hommage. « Trop peu de distance d’avec les versions originales » regrettent déjà certains, mais c’est là qu’est toute la beauté du travail de Bruce Springsteen: réduire la distance, aller à l’intime, coller au plus près, avec un plaisir manifeste, et beaucoup d’émotion. La richesse et la puissance de sa voix mature, lui permettent de ne surtout ne pas en faire trop.
« En temps de paix, les fils ensevelissent leurs pères ; en temps de guerre, les pères ensevelissent leurs fils ». Hérodote
Le 30 mai 1878, dans son discours pour le centenaire de Voltaire au Théâtre de la Gaité, Victor Hugo invite à en finir avec la glorification de la guerre. Il écrit aussi ce poème :
Depuis six mille ans la guerre Plait aux peuples querelleurs, Et Dieu perd son temps à faire Les étoiles et les fleurs.
Les conseils du ciel immense, Du lys pur, du nid doré, N’ôtent aucune démence Du cœur de l’homme effaré.
Les carnages, les victoires, Voilà notre grand amour ; Et les multitudes noires Ont pour grelot le tambour.
Otto Dix. Der Krieg. Triptyque. 1929-1932. Clic droit. Ouvrir dans un nouvel onglet pour voir l’image agrandie.
La gloire, sous ses chimères Et sous ses chars triomphants, Met toutes les pauvres mères Et tous les petits enfants.
Notre bonheur est farouche ; C’est de dire : Allons ! mourons ! Et c’est d’avoir à la bouche La salive des clairons.
L’acier luit, les bivouacs fument ; Pâles, nous nous déchaînons ; Les sombres âmes s’allument Aux lumières des canons.
Et cela pour des altesses Qui, vous à peine enterrés, Se feront des politesses Pendant que vous pourrirez,
Et que, dans le champ funeste, Les chacals et les oiseaux, Hideux, iront voir s’il reste De la chair après vos os !
Otto Dix. Der Krieg. 50 estampes. 1924 Clic droit. Ouvrir dans un nouvel onglet pour voir l’image agrandie
Aucun peuple ne tolère Qu’un autre vive à côté ; Et l’on souffle la colère Dans notre imbécillité.
C’est un Russe ! Egorge, assomme. Un Croate ! Feu roulant. C’est juste. Pourquoi cet homme Avait-il un habit blanc ?
Celui-ci, je le supprime Et m’en vais, le cœur serein, Puisqu’il a commis le crime De naître à droite du Rhin.
Rosbach ! Waterloo ! Vengeance ! L’homme, ivre d’un affreux bruit, N’a plus d’autre intelligence Que le massacre et la nuit.
On pourrait boire aux fontaines, Prier dans l’ombre à genoux, Aimer, songer sous les chênes ; Tuer son frère est plus doux.
On se hache, on se harponne, On court par monts et par vaux ; L’épouvante se cramponne Du poing aux crins des chevaux.
Et l’aube est là sur la plaine ! Oh ! j’admire, en vérité, Qu’on puisse avoir de la haine Quand l’alouette a chanté.
Otto Dix. Der Krieg. 50 estampes. 1924 Clic droit. Ouvrir dans un nouvel onglet pour voir l’image agrandie
Temps de lecture : < 1minuteHenri Michaux.1983. Photo David Boeno.
« Tout devient plus glaireux qu’autrefois. Cette filandreuse épaisseur de jour en jour davantage… Voilà ce qui nous rend si poussifs et lents dans les montées. Il n’y a pas d’autre raison. »
Henri Michaux. Faits divers. Face aux verroux. 1967